De Calais à Idomeni, que crèvent les États et leurs frontières !

Des femmes, des hommes, des enfants, des personnes réduites à des corps-objets à terroriser, mutiler, bombarder pour asseoir ou renforcer une domination : Afghanistan, Iraq, Syrie, Egypte, Lybie, la liste pourrait continuer jusqu’à englober une grande portion du monde. Des personnes réduites à main d’œuvre esclave, des chiffres d’affaires illimités pour des entrepreneurs en costard qui voyagent d’un côté à l’autre du globe, des prophètes de la haine religieuse, des hommes d’État prêts à massacrer de centaines de milliers de personnes pour ne pas renoncer à leur pouvoir. Intérêts sanglants qui se disputent sur des landes entières où il ne reste que dévastation et mort. Des millions d’êtres humains qui fuient la terreur et la misère générées par des guerres sans fin. Des millions d’êtres humains qui doivent traverser des frontières armées, assassines, chaque jour plus surveillées. Des personnes qui deviennent des «migrants », des « sans-papiers », des « clandestins », car elles ne possèdent pas les bon papiers pour bénéficier des droits des «citoyens ». Des personnes qui encore une fois sont réduites à l’état des corps-objets à refouler, enfermer, déporter, gérer, exploiter dans les travaux les plus durs et les moins rétribués.

Quand ces personnes s’organisent entre elles pour survivre, pour lutter, pour traverser les frontières et pour résister aux déportations, elles deviennent des ennemis de l’Etat. Dans les derniers mois on les a vues humiliées, gazées, frappées, virées de chaque rue et de chaque place de la capitale française : à Barbès, à la Chapelle, à Stalingrad, à Gare de l’Est, à Gare du Nord, à Gare d’Austerlitz, à Place de la République. Chassées de la ville-vitrine qu’est Paris par l’infâme flicaille républicaine. On a vu leurs tentes et leurs cabanes détruites et brulées dans le campement de Calais, où vivent des milliers de personnes migrantes qui essaient avec toutes leurs énergies de rejoindre l’Angleterre. Un campement, celui de Calais, où commence à exister une dynamique de lutte auto-organisée et parfois offensive face à l’oppression de l’Etat et de ses frontières. L’expulsion de la partie sud de la « jungle » de Calais commencée fin février est une attaque explicite aux luttes de ses habitants. La violence policière, les lacrymogènes, les coups de matraque, ont accompagné le sale boulot de démolition effectué par l’entreprise SOGEA (Vinci), avec l’assistance du Groupe SOS Solidarité (102 rue Amelot 75011 Paris) qui tentait de convaincre ses habitants d’abandonner leur logement et de monter sur des bus pour être dispersés aux quatre coins de la France. Misérables hypocrites qu’ils sont, à chaque brutale expulsion, les politiciens invoquent des meilleures conditions de vie pour les migrants. Ce qui signifie dans la réalité des camps entourés de barbelés, hyper-surveillés par des flics et des caméras, avec de stricts systèmes d’identification hi-tech, comme celui qui a récemment été créé à Calais.

Le pouvoir craint l’entre-aide, la solidarité entre opprimé-e-s, la lutte, le débordement de la rage : la haine contre les flics, les prisons et les frontières. Le pouvoir craint la diffusion d’idées et d’actions qui ciblent de manière claire et directe les responsables de l’oppression, leurs structures et leurs collaborateurs. Que la situation devienne ingérable pour leurs intérêts. Que le mélange de solidarité et de haine devienne le combustible d’une nouvelle ère d’assauts. Le silence, l’inaction, la passivité face à l’horreur existante sont complices. Faisons tomber les piliers de l’Europe forteresse. Attaquons par tous les moyens ce monde pourri.

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