Mille et une raison de – continuer à – contre-attaquer ce dernier.
Passer du temps, ou plutôt devoir se retrouver dans les transports en commun est très souvent désagréable, n’est-ce pas ?
Et bien sûr pas seulement parce que nous y sommes entassé-e-s les un-e-s contre les autres, parce que l’atmosphère et l’air y sont dégueulasses et étouffants, ou parce que nous y sommes assaillis par le lavage de cerveau publicitaire. Au-delà de tout cela, et ce n’est pas sans rapport, c’est parce-que nous y sommes contraint-e-s.
«Capital humain» et sujet de l’État, nous devons de fait nous déplacer perpétuellement entre les diverses structures du pouvoir comme l’école, le travail, les administrations, les supermarchés, sans oublier les lieux de divertissement pour se décharger de toute la violence sociale.
Bornes/portillons de contrôle et d’accès, contrôleurs (embusqués ou pas), patrouilles de flics, gendarmes, militaires et autres polices ferroviaires, vidéosurveillance généralisée, caméras installées dans les rames mêmes, chaque sortie, entrée et autres correspondances constituent des checkpoints du pouvoir où tu dois présenter ticket, carte à puce/d’identité, bref une autorisation d’exister dans ce monde.
Pauvres et exploité-e-s, nous sommes aussi le bétail qui doit docilement aller consommer la marchandise que souvent nous-mêmes produisons ou servons. Il suffit de voir la transformation de la salle des pas perdus à Saint-Lazare ou la rénovation du Forum des Halles situé au-dessus de Chatelet-les-Halles pour voir à quel point capitalisme et transports en commun sont liés.
À partir de la récente annonce de l‘effort de guerre de la SNCF [page2] «pour lutter contre la fraude», nous avons voulu nous étendre un peu sur la question des transports en commun et du monde qui va avec.
Celui du contrôle, du flicage, du travail, de la chasse aux indésirables… Analyse de ce monde, nouvelles mesures offensives de la SNCF, mais aussi quelques rappels de la non-invulnérabilité des structures des transports en commun en général et de leurs agents; un peu d’écho donc d’une rage sociale diffuse à leur encontre que nous partageons.
Parce-que si comme beaucoup de pauvres et d’exploité-e-s, nous estimons que le contrôleur est au flic ce que le crachat est à la merde, nous sommes convaincu-e-s de la nécessité de creuser et pousser cet antagonisme dans une perspective de rupture avec le quotidien de la domination et de l’exploitation.