Eclats d’insoumission et de révolte

A l’assaut des élections

Pendant toute cette énième campagne électorale et depuis les primaires, on a pu voir apparaître des manifestations de voix rebelles à cette foire aux promesses, en actes et sans médiation. De nombreuses permanences et locaux des partis politiques des principaux candidats ont eu leurs vitres brisées, ont été diversement taguées, saccagées ou ont été la cible d’incendies.

Les sales fachos du FN ont pris cher, avec de nombreuses permanences attaquées, comme à Alençon, à Montpellier et à Caen (pour ces deux dernières le même jour que des permanences PS), à Nantes et à Varades (Loire-Atlantique), à Paris (tentative d’incendie du QG du FN revendiquée par « Combattre la xénophobie »), à Denain (Nord) ou aux Sables d’Olonne, mais aussi des manifestations enragées et destructrices contre des grands meetings du FN comme à Nantes le 25 février (et le 26 une barricade enflammée sur la quatre-voies arrivant de Rennes a permis d’arrêter deux bus de militants FN venant pour le meeting le temps de les couvrir de peinture), à Bordeaux le 2 avril, ou à Paris et Aubervilliers les 16 et 17 avril contre le meeting du FN au Zénith de la Villette, devant l’entrée duquel le député frontiste Gilbert Collard a même reçu des projectiles, du liquide irritant dans les yeux et un cocktail Molotov qui a atterri non loin. A chacune de ces manifestations, de nombreuses autres cibles ont été visées comme des banques, agences immobilières, bâtiments publics, pubs et mobilier urbain… Et le soir du 12 avril, ce sont des militants collant des affiches FN à Montpellier qui sont mis en fuite par des individus qui cassent et taguent leur voiture.
Chez les Républicains, on compte aussi des permanences dégradées, comme à Rouen, Castres ou Villeurbane, ainsi qu’à Grenoble la nuit du 20 au 21 mars où tout l’intérieur d’une permanence a été saccagé, avec des bris de matériel (informatique, mobilier) et des projections d’ammoniac et de peinture.
Quant au PS, il a aussi été une grande cible, comme avec ses permanences à Dijon, Grenoble, Paris (comme au passage d’une manif lycéenne le 20 avril), Montpellier (3 fois), ou Caen.
Outre les permanences et autres locaux des partis, des réunions publiques ont également été attaquées, comme à Rennes le 29 mars où cinq personnes sont allées asperger d’urine et de soupe de poisson les participants à une réunion publique Les Républicains en les insultant de « fachos », et à Talence en Gironde, une salle de spectacle devant accueillir un meeting de Macron a été attaquée (vitres brisées et taguées) avant la venue du bâtard-en-costard. A Notre-Dame-des-Landes, c’est une conférence de presse d’une porte-parole de Mélenchon qui est visée par des protestations anti-politiques : des excréments sont jetés sur le local accueillant la réunion et sur une voiture de journalistes de France Bleu (comme à son habitude, l’ACIPA, association d’opposants au projet d’aéroport, a condamné ces actes, défendant les politiciens de la France insoumise car eux aussi opposés à cet aéroport).
On a aussi eu vent de l’incendie de la voiture du maire de Compiègne (LR) dans sa cour le matin du 18 février, et de dégradations sur la mairie de Saint-Germain-lès-Arpajon, en Essonne, la veille du 1e tour des élections alors que celle-ci allait servir de bureau de vote (fenêtre brisée, tags, projections de peinture et deux poubelles incendiées à proximité).

Une pensée pour les familles des vitrines

Fin février à Vannes (Morbihan), une dizaine de commerces comprenant banques, magasins, bureau de poste (distributeur endommagé) ainsi que la chambre départementale des notaires, a été attaquée.

Dans la nuit du 15 au 16 janvier, poursuivant les hostilités contre le monde du travail, les vitres d’un Pôle Emploi à Paris 11ème ont été brisées. A Paris vers la Porte des Lilas mi-janvier, ce sont les écrans de 7 distributeurs de billets, 4 panneaux de pub, et les vitres d’une voiture de la RATP et une de SPIE (constructeur de taules) qui ont été brisés avec une petite molette au carbure de tungstène (attachée à un robuste lacet), pièce d’outillage pour couper le carrelage (pouvant discrètement passer pour un collier fantaisie!). Fin février à Marseille, un distributeur de billets a été cramé en solidarité avec « les personnes descendues dans les rues pour s’attaquer à la police, la justice et à ce qui leur pourrit la vie de façon générale. » Et un vendredi soir de mars à Grenoble, deux banques ont été éclatées au marteau avec rage et colère.

Fin janvier, à diverses reprises des agences immobilières à Toulouse (rue de la Concorde) ont eu leurs vitres étoilées de nombreux impacts, voire tout simplement brisées. Sur une fontaine était tagué « La voilà la caution ».
collabos

Dans la nuit du 10 avril à Toulouse, « les bureaux de l’agence d’architectes Cardete & Huet, l’un des principaux acteurs du projet de construction de l’Occitanie Tower ont été attaqués. Serrures collées, vitres brisées et façades recouvertes : une réponse, en somme aux 150 mètres de mépris que ces si respectables architectes nous promettent. »

Vers la fin du mois de mars dernier, à Besançon, quelques personnes ont attaqué un local de la Croix-Rouge, brisant ses vitres et apposant des tags (« charognards », « expulseurs ») pour leur responsabilité d’auxiliaires de police et de charognards humanitaires dans le business de la rafle, le tri et l’enfermement des indésirables dans les centres de rétention.
Le 1er avril c’est au tour d’une voiture de l’entreprise Securitas d’avoir ses 4 pneus crevés pour des raisons similaires : son implication dans la machine à expulser, et son rôle de chien de garde des riches et des biens. Au soir du mercredi 22 mars à Grenoble, trois véhicules du Centre Communal d’Action Sociale, « co-gestionnaire de la misère » ont été livrés aux flammes, parce que « tous les flics ne sont pas bleus » et « l’insertion est une forme d’incarcération ». Quelques jours plus tard, dans la nuit du 27 mars, six voitures et une camionnette appartenant à la métropole sont incendiés contre la pacification et l’existence moribonde à laquelle elle nous condamne.
Dans la nuit du 21 au 22 janvier, ce sont 4 véhicules de Toulouse métropole qui sont partis en fumée.
A la mi-mars, un camion et trois utilitaires de Cyclocity à Besançon ont eu leurs pneus crevés, pare-brise, vitre latérale, carrosserie et rétros bien endommagés. En charge des Vélocités, c’est une filiale de JCDecaux, connu pour exploiter les prisonnier-e-s, outre son rôle d’empoisonneur publicitaire et d’acteur du greenwashing. Début février, un camion JCDecaux avait été incendié à Toulouse pour les mêmes raisons, et par la même occasion une Mission Locale avait vu sa vitrine critiquée au marteau.
Fin février à Pantin, un utilitaire Orange a été incendié contre la fibre optique qui « fait partie du système nerveux du Capital et de l’Etat, qui permet un accroissement exponentiel du contrôle, et qui sert la colonisation de nos imaginaires et l’aliénation. » Et aussi parce qu’Orange est « une de ces entreprises qui exploite le travail des détenu.e.s. »
Samedi 11 février, une voiture Cofely a été cramée devant le Fort de Noisy-le-Sec (93). « Cofely-Engie est propriétaire de GEPSA, premier partenaire privé dans la gestion des taules. »
Une nuit de fin janvier, les vitres et le distributeur de billets d’un bureau de poste à Rennes ont été brisées en raison de la collaboration de la Poste à l’expulsion des sans-papiers, mais aussi pour sa nouvelle mission de poukave (aux flics et services de la mairie) par smartphone de petits délits et dégradations.

Y’a du baston dans la taule…

La dernière semaine de mars, plusieurs gestes d’insoumission ont éclaté à la maison d’arrêt surpeuplée de Bois-d’Arcy (plus de 1000 détenus pour une capacité de 592 places). Le vendredi un surveillant se fait gifler en remontant un détenu de la promenade. Le samedi un détenu est retrouvé pendu, après avoir agressé à deux reprises des matons. Le mercredi suivant un homme fait chuter une surveillante, la gifle et lui crache dessus. Et le dimanche un autre prisonnier frappe au visage un maton et le mord à la main. Enfin le mardi, un maton se fait casser la gueule devant la taule par un prisonnier en semi-liberté et un ami.
Le 6 avril à Fleury-Mérogis, 6 matons interviennent pour séparer deux jeunes visiblement en train de se battre. Ni une ni deux, huit co-détenus leurs tombent dessus, et les envoient méditer sur leur sale boulot…à l’hopital ! Mercredi 12 avril à la prison du Pontet (Vaucluse), un détenu a distribué plusieurs coups de poings à un maton qui l’avait aperçu, dans la cour de promenade, en train de ramasser un colis qui venait d’y être envoyé, et avait eu la fâcheuse idée de venir contrôler le détenu. Voyant cela, le chef maton intervient, et reçoit lui aussi quelques coups bien mérités de la part d’autres détenus. Que disait la chanson déjà ? .. ah oui : « dès qu’il s’agit de rosser les matons, tout le monde se réconcilie » !

…et dehors aussi

Le 2 avril dans le Val de Marne, un maton de la taule de Fresnes a été reconnu devant chez lui par trois loubards. Après des présentations sommaires façon « tu nous reconnais pas ? », ces derniers lui ont tout simplement cassé les dents. Tout travail mérite salaire, n’est-ce pas ?
Samedi 11 mars un rassemblement a eu lieu devant la taule de Fleury-Mérogis, entre autres en solidarité avec des mutins de Valence qui passaient en procès la veille. Sur une banderole on pouvait lire « Solidaires dans les luttes et face à la répresssion ! À bas toutes les prisons », tandis que les personnes présentes ont crié des slogans comme « Solidarité avec les prisonniers», «Les prisons en feu, les matons au milieu ! », « Flics, matons ou militaires, qu’est-ce qu’ils feraient pas pour un salaire ? » ou « devenez vite tous suicidaires », « Liberté pour tou.te.s », « Crève la taule ! », « Solidarité avec les inculpé.es des voitures brulées », « Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons ». Puis les personnes du rassemblement se sont déplacées devant la Maison d’arrêt des femmes pour leur crier leur soutien et leur volonté d’en finir avec la taule et le monde qui en a besoin. Liberté pour tous et toutes !

La hâche de guerre déterrée
Début mars à Marseille les vitres et le distributeur de billets d’une BNP sont brisés en « sioutien » avec une lutte contre un projet d’oléoduc outre-atlantique. En deux mots, les habitants sioux de la réserve de Standing Rock dans le Dakota du Nord luttent depuis plusieurs mois contre l’implantation d’un d’oléoduc géant visant à faire transiter le pétrole et le gaz de schiste du nord au sud du pays. Plusieurs banques françaises sont impliquées : BNP Paribas, Le Crédit Agricole, Natixis, et la Société Générale.

Droit dans le bure
Le 18 février, des centaines de manifestant(e)s antinucléaires ont attaqué l’Ecothèque de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) située à Bure (Lorraine) où est prévu le plus grand projet d’enfouissement de déchets nucléaires d’Europe. Lieu de propagande de l’agence sur la soi-disant préservation de l’environnement sur le site, l’Ecothèque est le symbole du cynique greenwashing de cette filière mortifère.

Les marmottes s’y mettent
Pendant une nuit de février quelque part dans les montagnes du Sud-Est, un pylône d’antenne-relais a été incendié avec une bouteille remplie d’essence et de bougies attachée à un allume-feu. Les mêmes personnes ont aussi tenté d’allumer de la même façon plusieurs véhicules sur un chantier de l’entreprise Liotard, expliquant dans une revendication qu’elle « détruit rivières, montagnes, arbres, faunes et flores tout en jouant au greenwashing et au recyclage participatif ».

Nak la bic…
Le 13 avril 2017 à Rouen, deux flics de la BAC qui n’étaient pas en service, ont été reconnus par une quinzaine de personnes, et se sont fait copieusement tartiner. « Juste retour de bâton » disent les uns, « mais pourquoi cela arrive-t-il si rarement ? » disent les autres !

…et leurs collègues
Le 9 avril à Valenciennes, une dizaines de personnes débarquent au petit matin afin de réclamer des comptes suite à l’arrestation d’un de leurs amis plus tôt dans la soirée. « Libérez notre camarade ! » criaient-ils, mais les mots étant impuissants, ils sont passés aux actes. Résultat, les deux sourds d’oreille en uniforme ont été envoyés à l’hôpital.

C’est au printemps que commencent les barbeuks

Le 24 mars à Boissy-St-Léger (94), deux molotovs sont jetés dans la cour du commissariat. Puis le 27 mars, suite à l’assassinat la veille de Shaoyo Liu par la BAC chez lui à Paris 19e, un rassemblement a lieu devant le commissariat du 19e, suivi d’affrontements au cours desquels une voiture de police est incendiée.
Tandis que le 18 avril à Liège (Belgique) des individus boutent le feu à un commissariat de la ville, avec « joie, amour et violence » comme ils le disent dans un communiqué. Ils précisent « nous n’avons pas de patrie, pas de causes supérieures, pas d’ordres à recevoir d’autres personnes que nous-même. Par contre nous combattons. Pour retrouver nos vies, rechercher nos libertés. Nous combattons la misère de nos existences, l’oppression des morales et les barreaux qui nous enferment. » La réussite est totale : toute la toiture a brûlé, la sous-toiture est dévastée, idem pour les différents étages de ce vaste poste de police. Quelques jours plus tard, le 23 avril à Bruxelles cette fois-ci, des noctambules trouent le grillage d’un parking où sont stationnées des camionnettes de police, et les incendient. « Vive le feu ! Vive les fous » écrivent-ils dans la revendication de l’attaque.

Satan président ! Satan président !

Le 7 janvier à Sablé-sur-Sarthe, à la fermeture de Notre-Dame de l’Assomption, des cierges allumés déposés dans un confessionnal provoquent un début d’incendie. Un dimanche après-midi de mars à Puget-Ville (Var), le cureton de l’Immaculée-Conception voit un autel incendié, « de la cire répandue, des bougies brisées et autres objets de dévotion répandus aux quatre coins de l’église » ainsi que devant le Saint-Sacrement un message qu’il a « flouté ». Alléluia !

Saboter les veines du capital et du spectacle et les artères de la marchandise

Le matin du samedi 25 février dernier vers 8h, le feu a été mis à un transformateur électrique du réseau SNCF à Bréval (Yvelines). La ligne de train reliant Paris à la Normandie (Evreux, Caen, Cherbourg) a du coup été localement coupée toute la matinée, puis de nouveau le soir (une nouvelle panne due au même incendie) jusqu’au dimanche après-midi. Un sacré point faible du réseau de transport indispensable au fonctionnement de ce monde.

Dans la nuit du 11 au 12 avril, le réseau de tramway de Grenoble a fait l’objet d’une critique en actes de belle ampleur. Sur 4 lignes sur 5, des machines de validation des tickets ont été endommagées de diverses manières ; recouvertes de peinture, enroulées de scotch ou de cellophane, ou mises hors service par l’injection de liquide corrosif dans les fentes où sont insérés les tickets. 185 appareils, soit un tiers du total, ont ainsi été touchés. Des tags clamant le mépris que dans toutes les villes on peut ressentir à l’encontre de ces « bâtards de contrôleurs », ainsi qu’appelant au sabotage accompagnaient cette belle initiative.

Au matin du vendredi 21 avril à Vanves (Hauts de Seine), le feu a pris dans les locaux d’une entreprise voisine de France 3 Paris Ile-de-France, endommageant un véhicule de transmission ainsi que du matériel hébergés par cette entreprise. L’incendie a détruit des câbles permettant la liaison entre la régie et le plateau du JT, entravant ainsi l’intoxication journalistique sur au moins deux jours, le weekend du 1er tour du bordel électoral.

Dans la nuit du 26 au 27 mars dernier, un incendie a ravagé un entrepôt Conforama sur une surface d’environ 3 000 m² dans une zone industrielle à Bondy (Seine-Saint-Denis).

Crever les yeux de l’etat

Pierre… Le 9 février à Creutzwald 5 caméras fraîchement installées sont détruites durant la nuit. Des caméras solides, robustes, à 4 mètres de hauteurs… preuve que quand on veut on peut. Le 3 mars à Quentigny une caméra est arrachée, et deux autres sont sérieusement endommagées alors qu’à Dijon entre le 15 et le 22 mars ce sont les 9 caméras installées par le bailleur social Villéo qui sont mises en pièces.
…Feu… Le 31 janvier à Nanterre, d’ingénieux noctambules ont dévissé la trappe d’un lampadaire donnant accès aux fils électriques puis y ont bouté le feu, mettant hors service la caméra de surveillance située à 1 mètre.
La nuit du 18 février à Pontoise, trois caméras sont envoyées aux oubliettes, grâce à une même méthode : une voiture-bélier charge le mât en haut duquel trône l’indélicate caméra, avant d’être incendiée. Redoutable.
Le 21 février à Nices, trois caméras sont incendiées et brûlent sous l’œil vigilant mais ô combien impuissant des pompiers, invités à rester à l’écart. Le recours au caillassage fut nécessaire pour empêcher de nuire ces acharnés, que personne n’avait convié aux festivités.
…Stylo ! La nuit du 7 avril à Alençon, deux silhouettes gravissent une des tours du quartier, et bombent à la peinture une caméra juchée sur le toit. En s’échappant, ils sont malheureusement identifiés par les autres caméras du quartier. Un argument supplémentaire pour détruire TOUTES les caméras, et, en attendant, choisir soigneusement son chemin de fuite.

En préférant la sécurité à la liberté on n’obtient certainement pas la première et on perd assurément la dernière disait l’autre. Alors, face à la pieuvre du contrôle, vive le sabotage !

[les citations sont tirées de communiqués de
revendication trouvés sur internet pour certaines attaques
]

 

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