La technologie est aujourd’hui un élément fort de notre quotidien. Elle accélère et facilite beaucoup de processus, ce qui la rend si populaire.
Les technologies sont présentes partout, que ce soit à la maison ou à l’extérieur, et elles se multiplient. En tout premier on pense naturellement au téléphone portable, dans toutes les poches, mais même sans ça il n’y a pas d’échappatoire. Pendant un trajet en métro par exemple, des écrans publicitaires attirent le regard des gens, et dans de nombreuses gares la presse à sensation télévisuelle est mise dans notre champ de vision. En plus de ça, les classiques utilisateurs/trices de Smartphones s’exposent de toute façon eux-mêmes aux flux d’informations et de sensations. Les écrans publicitaires et télévisions se chargent du divertissement et de nous tenir au courant des dernières nouvelles. Les Smartphones et autres ordinateurs les complètent et veillent également à un certain échange social sous forme de brèves.
Quand on doit travailler plus vite et de manière plus flexible, il est logique que les besoins – en l’occurrence immatériels – doivent être assouvis aussi plus vite et de façon plus flexible. Aussi, il est plus facile de se divertir avec son Smartphone que de se consacrer à ses pensées ou même de parler avec d’autres gens (inconnus). Pour occuper leur temps, les gens ne veulent pas prendre des initiatives trop fatigantes et peuvent alors choisir quelque chose dans un programme (jeux, vidéos, blogs). Ainsi, avant c’était plutôt le programme télé qui accaparait la représentation du monde et des événements. Ensuite, ça a été les ordinateurs, si utiles, grâce à leur plus grande diversité, qui ont donné une raison de plus pour ne pas sortir de chez soi. Aujourd’hui, l’isolement et l’aveuglement sont même devenus transportables.
Ainsi, je vois tellement de gens marcher dans le quartier en regardant leur Smartphone, aveugles à ce qui les entoure, avec dans leur main la solution miracle aux besoins sociaux. Nous sommes en [2017], maintenant les rapports entre êtres humains sont faciles ! Sur Internet du moins… Tout le monde peut facilement sangloter d’auto-appitoiement sur ses problèmes les plus intimes sur des Chats, et peu importe ce que ça fait aux gens qui les écoutent. Peu importe s’ils peuvent compatir avec ces problèmes ou pas, par souci de facilité – il suffit de tapoter sur un clavier – ils manifesteront sûrement de la compassion. En plus, il y a la distance à l’autre grâce à laquelle tant de mots, qui ne peuvent être prononcés qu’avec courage, peuvent être tapés au clavier sans réfléchir. Il ne vient pas à l’esprit de la plupart des gens qu’une discussion réelle serait plus adaptée. Et si un conflit éclate véritablement, on peut se défiler rapidement sans risquer grand chose. Personne ne mettrait fin prématurément à un conflit important avec des ami(e)s en se sauvant en courant, mais maintenant un simple clic suffit pour ça. « Loin des yeux loin du cœur » est ici la grande règle.
Les rapports humains se déroulant de plus en plus sur internet, les amitiés deviennent interchangeables. Tous ne peuvent pas l’exprimer avec des mots, mais beaucoup le ressentent. A travers l’isolement technologique germe une solitude accrue. Contre cela, beaucoup s’anesthésient ou se changent les idées, par exemple grâce à internet. La recherche d’un(e) partenaire promet aussi un certain soutien. Et comment on cherche un(e) partenaire ?!…
Avec le regard sur son Smartphone, on désapprend ou on oublie comment faire connaissance avec des gens en dehors des réseaux sociaux. Avec le regard sur son Smartphone, on essaie de faire connaissance avec des gens et de fuir la solitude. Donc sur des réseaux sociaux et des sites de rencontre. Un cercle vicieux toujours plus loin dans la solitude. Par ce décalage avec la réalité, les gens sont de plus en plus réduits à leurs photos de profil et à leurs conversations par Chat. Il est facile de cacher sa vraie personnalité dans un Chat, en adaptant continuellement les nouvelles à chaque personne. Et la façon dont on se montre sur les photos de profil reproduit toujours plus les critères de beauté fixés par la publicité. Il est possible que ce monde d’apparences déteigne aussi sur le monde réel avec ses modèles de comportement, ou même qu’il devienne le monde réel. Comme quand des utilisateurs de Facebook/What’s App s’écrivent des pages et des pages sur leur Smartphone certains jours où ils ne prononcent par contre que quelques mots. Quand ils remanient continuellement des bouts de phases et commencent à parler comme ça, par bribes, cela n’est pas sans conséquences sur le monde. On devient alors de plus en plus laconiques dans les transports en commun, les restaurants universitaires, les fêtes mais aussi dans les salles à manger. La vie se déplace sur Internet.
Jusqu’à ce qu’un jour même le plus ferme détracteur et ennemi des réseaux sociaux doive choisir entre des brèves usées et une solitude morbide (Pouvez-vous encore vraiment, vous les connectés permanents, distinguer le sentiment de solitude du fait d’être simplement seul ?). Pour empêcher ça, on doit se construire un environnement qui n’utilise les technologies que de manière limitée et critique.
Ça me dégoûte de voir partout des visages inexpressifs, courbés, le regard baissé.
Tu n’apprécies donc pas la capacité de communiquer par des mimiques ? Parfois, l’expression du visage apprend en effet que certains mentent quand ils disent que « ça va ! ». En regardant ton Smartphone, tu ne le verras jamais.
Tu t’en fous que tant de gens soient hypocrites sur Internet (ou de l’être toi-même) ? Car certains à qui tu as confié ta peine n’avaient peut-être tout simplement rien de mieux à faire que de feindre la compassion.
Tu ne tiens pas à la communication spontanée ? Tout le monde n’est pas sur Internet, ou n’y est pas facile à trouver. Dans la vie non-virtuelle, il y a des occasions de faire connaissance avec des gens directement. Ce sont les conversations avec des inconnus qui pourront te donner un aperçu plus profond de la vie réelle devant ta porte.
Débarrasse-toi des Smartphones et des réseaux sociaux toi aussi !
Nous pouvons renforcer la conscience de la communication avec notre environnement. Nous pouvons opposer quelque chose à ce monde de détachement, d’apathie et d’isolement.
Ne ressens-tu pas tout à coup toute la dureté de la solitude ? Tu te sens en cure de désintox parce que tu es habitué à être scotché en permanence à ton Smartphone ?! Et est-ce que ça en vaut la peine ?
Alors tu dois décider si tu préfères rester dans le monde illusoire facile et beau ou si tu veux vivre dans la réalité complexe.
[Traduit de l’allemand du journal anarchiste Attacke.]
A chacun son antenne
Dans un communiqué publié fin novembre sur internet, on apprend que dans le 19ème, certains ont « décidé de sectionner le câble coaxial qui permet à [une antenne relais] de réceptionner et d’émettre son flux d’info. Et qui l’eut crut, c’est un jeu d’enfant. Parce qu’il se trouve que les installateurs doivent placer sur le câble, à intervalle régulier, une gaine sur laquelle est fixée une plaque contenant le nom de l’opérateur et les paramètres de l’antenne. […] comme c’est simplissime et sans risque (le câble coaxial n’est pas le câble d’alimentation électrique de l’antenne) on vous invite à en faire de même partout où une nouvelle antenne s’implante. À chaque antenne son coup de pince. Et que ceux qui ont peur qu’on finisse par ne plus capter avec son gros téléphone, ce jour-là, on vous le promet, la reprise en main et l’autogestion de nos vies fera passer pour archaïque la croyance qu’être joignable partout en tout temps est bénéfique pour l’Homme, que la suppression des distances dans le lien social est pour le bien de tous »
A bon entendeur.