Le 14 avril dernier vers 22h, après une journée de manifestations, plusieurs centaines de personnes s’élancent de la Place de la République, décidées à s’échapper de cette souricière. Mettant le cap sur Barbès avec l’envie de rappeler à la ribambelle d’agences d’intérim que tout le monde déteste le travail, le cortège improvisé, bloqué par les flics, bifurque alors vers le canal Saint-Martin et poursuit sa lancée jusqu’à sa dislocation aux abords de la mairie du 19ème. Sur leur route, nombreux sont ceux qui laissent un mot à la plume de leurs pavés sur les vitres de divers bâtiments (les douanes, la chambre du commerce et de l’industrie, un hôtel Ibis, des galeries d’art, un Pôle Emploi, des agences immobilières, des banques, un concessionnaire Jaguar…), sur les Autolibs, les pubs et les autobus, un Franprix est pillé au passage…
Le 8 décembre, l’anarchiste Damien Camelio est arrêté à son domicile et incarcéré à Fleury-Mérogis. Il est accusé d’un certain nombre des dégradations commises ce soir-là, et passera en procès devant la 23ème chambre du TGI de Paris le 19 janvier à 13h30. Refusant la logique judiciaire, entre autres la dichotomie innocent/coupable, il déclare :
« Parce que la résignation ne sera jamais une option, parce qu’en chaque acte individuel de révolte réside toute la violence des rapports sociaux, parce qu’il nous reste une multitude de récits à écrire, à travers le temps et l’espace, à travers la grisaille des métropoles, dedans comme dehors…
… le combat continue. »
Le combat continue, oui, et certains coups de griffes ont été dédiés à Damien depuis, lui exprimant de la solidarité :
Dans la nuit du 14 décembre, quatre distributeurs de banques (LCL, La Poste, CIC, Crédit Agricole) ont été détruits à coups de marteau à Besançon, alors que la veille, deux distributeurs de billets de l’agence Caisse d’épargne ont été détruits à Marseille.
Au petit matin du 26 décembre (jour de l’anniversaire de Damien), du côté de Passy, certains ont pensé que plutôt que d’allumer des bougies mieux vallait allumer une Jaguar. Ils en ont trouvé une, et depuis un bourge va à pieds. Il s’agit, d’après la revendication « d’une petite bribe de guerre sociale devant les portes des riches, une petite marque de solidarité pour [Damien] et tous les autres prisonniers révoltés ».
Et fin décembre, à Bruxelles, des pubs JC Decaux et une voiture d’agents de sécurité ont eu leurs vitres brisées, tandis que la nuit du 31 une autre voiture d’agents de sécurité, une voiture Vinci et une voiture Bam (entreprises qui construisent des prisons) ont été livrées aux flammes.