Le matin du 6 septembre, sur ordre d’un juge d’instruction, les chiens de la DIGOS (services de renseignement – police politique italienne) ont fait irruption chez une trentaine d’anarchistes dans différentes villes du pays, amenant en prison six d’entre eux. Il sont accusés d’avoir formé une « association subversive » qui aurait réalisé plusieurs attaques ou tentatives d’attaque, avec des armes et des explosifs, contre des flics, des casernes, une école de police, des dirigeants d’entreprises (une entreprise du nucléaire, un journal, une société immobilière), des hommes d’État, des directeurs de centres d’enfermement pour personnes sans papiers… Des attaques qui datent de 2005 à 2012 et qui ont toutes été revendiquées par des sigles anarchistes.
Accusés de renvoyer au pouvoir un petit pourcentage de sa violence quotidienne : Peut être faut-il rappeler les massacres et la violence quotidienne de ce système ? Faut-il rappeler que chaque année des centaines de travailleurs meurent suite à des « accidents de travail » (entre 500 et 600 chaque année, les chiffres sont similaires en Italie et en France) ? Combien d’autres tombent malades et s’éteignent à cause de la pollution due aux substances industrielles chimiques, pesticides et radiations nucléaires, ou plus simplement à cause de l’épuisement et la dépression ? Faut-il rappeler la violence des frontières ? Ces 15 dernières années, près de 25.000 migrants sont morts en essayant de traverser les frontières blindées des Etats européens et la Méditerranée qui est devenue un immense cimetière. Ou faut-il encore rappeler les conséquences des bombardements et des invasions militaires réalisés par des pays comme l’Italie ou la France en Afrique et au Moyen Orient ? Faut-il rappeler les homicides et la violence de la police dans la rue, les milliers de personnes enfermées par la Justice, les centaines de « suicides » dans les geôles, la répression violente des manifestations, le contrôle toujours plus systématique et technologique de tous les rebelles et les «non conformes » aux exigences du marché ? Tout cela n’est pas le produit d’un destin irréversible de l’humanité. Tout cela n’est pas le produit d’un hasard, de la nature, ou d’un fléau divin. Les responsables ont des noms et des adresses, des bureaux, ils utilisent des voitures, des machines… Ils sont vulnérables.
L’innocence et la culpabilité sont des critères que nous laissons volontiers aux charognards de l’État. Nous partageons avec les anarchistes italiens arrêtés récemment l’amour pour la liberté et la haine pour le pouvoir. Nous partageons avec eux l’idée qu’une révolte violente et destructrice est nécessaire face à la violence quotidienne du pouvoir. Nous partageons avec eux la conviction qu’il est possible d’agir, ici et maintenant, contre les responsables de l’oppression.