Ce(ux) que nous visons. [Paru dans le n°1]
Réfléchir et discuter de tout ce qui nous opprime, nous empêche de nous émanciper et de la nécessité de se battre pour la liberté, n’est pas faire de la politique.
Le but de ce journal n’est donc pas de représenter, ni de se faire le porte-parole de qui que ce soit,ni de quelconque Organisation et encore moins d’imposer un programme.
Nous souhaitons partager un regard critique sur l’ensemble des structures du pouvoir auxquelles nous sommes toutes et tous confronté-e-s au quotidien, de près ou de loin (transports en commun, gentrification des quartiers, vidéosurveillance, lieux d’enfermement, etc.), et pointer du doigt les responsables qui participent à la perpétuation et au développement de la domination et de l’exploitation. Lesquels sont, avec leurs locaux, leurs installations, leurs véhicules, etc., très souvent à la portée de la critique d’une ou plusieurs personnes un tant soit peu déterminées comme nous le rappellent divers «fait divers» et autres «brèves».
Réfléchir, analyser et développer, certes, mais donc dans le but de se donner les moyens de (re)prendre sa vie en main.
Pour que nos cœurs ne se ramollissent pas à force de seulement se lamenter d’être des victimes.
Pour qu’ils ne deviennent ni durs comme de la pierre car nous ne voulons pas devenir des «guerrier-e-s».
Pour que se révolter signifie être en bonne santé.
Pour que nos larmes de souffrances deviennent nuée d’orages qui s’abattront sur l’ennemi.
Pour que, tantôt s’écoulant placidement et tombant doucement goutte à goutte du plafond, tantôt les mille et une raisons de se révolter et les rêves et désirs de liberté se mettent à gronder, deviennent torrent qui dévale dans toutes nos veines et frappe à toutes les parois de notre corps et de notre esprit, en mugissant dans un formidable fracas et appel à la vie.
Les politiciens, les patrons et tous ceux qui nous veulent soumis-e-s et exploité-e-s veulent que nous continuons à supporter ces conditions misérables et à nous sacrifier toujours plus, pour une (hypothétique) retraite ou quelconque autre paradis.
Nous proposons de nous battre pour la liberté; un pari complexe certes, mais bien autrement beau, noble et fécond par rapport à tout ce que nous impose cette société autoritaire.
Qui sait ce que ça donnerait si tous nos sentiments d’injustice, nos colères, nos désirs et notre imagination coïncidaient et dépassaient ce qui est autorisé et toléré ? si les exploité-e-s, les pauvres et toutes et tous les indésirables faisaient un bout de chemin ensemble, solidaires à travers l’attaque, pour forcer l’horizon des possibles ?
Ce journal se veut ainsi un cocktail d’oxygène et d’étincelles, d’idées et de rêves de liberté, d’attaques, d’insoumission et d’offensives diverses. Par des individus d’ici et d’ailleurs qui se mettent en jeu. Ce journal souhaite montrer et faire la coïncidence de ces vies; ces vies comme des paris sous tension…